« Parmi tous les ouvrages qui paraissent sur la culture numérique, je n’ai encore jamais rien lu au sujet de cette communauté éparse que j’ai moi-même rejointe il y a bientôt dix ans : celle des collectionneurs d’images en ligne, qui accumulent et partagent au fil des jours, sur Instagram, Tumblr, Flickr ou Pinterest, des photographies d’art, des tableaux, des dessins qu’ils aiment. »
A partir de cette activité, légère en apparence, qu’on pourrait qualifier d’habitude, de manie ou même de névrose — celle de collectionner des images, de les accumuler dans des dossiers, de les classer par catégorie, par teinte, par artiste, de les trier, les ranger — Mona Chollet nous dresse, comme dans chacun de ses ouvrages, un portrait sociétal très juste, qui brasse les sujets qui l’occupent et l’occuperont toujours, le féminisme, une façon d’habiter le monde, les disparités sociales, et une réflexion sur ce qui, dans cette recherche, dans ce regard posé, participe aussi du processus de création, de la nourriture de l’oeuvre en cours.
Passionnant, et comme toujours nuancé, bienveillant et brillant.